Je me devais sur ce blog d'écrire sur une série qui m'a marquée et qui a certainement développé mon goût pour les années 30.
Je songe à la série britannique Hercule Poirot dans laquelle le charismatique David Suchet incarne avec précision toutes les facettes du personnage: tant les qualités de ce dandy intuitif, toujours tiré à 4 épingles et droit jusqu'à l'extrême - que ses défauts: sa vanité, son goût maniaque de l'ordre et ses manières si britanniques... pour un Belge.
Quand
je regardais Poirot, mes yeux déviaient toujours sur les décors. Chaque
épisode était l'occasion de plonger dans les ambiances cosy des
cottages du Dorset ou dans les intérieurs majestueux des manoirs Géorgiens.
Mais ce que j'aimais avant tout c'était de découvrir des nouvelles
ambiances art déco. Et j'étais comblée: dés que l'histoire le
permettait, les réalisateurs cherchaient à localiser les enquêtes
dans des bâtiments anglais représentatifs de cette période:
Le
Penguin
Pool,
du zoo de Londres pour «Vol au château»
La
villa High
and Over,
Highover Park, Amersham, pour «Le Roi de trèfle»
Le
Hoover
building,
Perivale, Londres pour «Le songe»
Le
Midland
Hotel,
à Morecambe dans le Lancaster pour «Double manoeuvre»
Arnos
Grove Station,
à Londres, dans «Le Guêpier»
Le
Broadcasting
House
siège de la BBC à Londres pour «Le bal de la Victoire»
L'aéroport
de Shoream,
dans
l'épisode «La mort dans les nuages»
Le
De
La Warr,
à Bexhill on Sea, East Sussex pour «A.B.C. Contre
Poirot» et «Le meurtre de Roger Ackroyd»
L'Ocean
Hotel,
à Saltdean, pour le «Vol de bijoux à l'Hôtel Métropole»
L'ensemble
résidentiel Lichfield
Court à
Richmond upon Thames, dans le Grand Londres pour « Un,
deux, trois ».
La
villa Joldwynds,
à
Holmbury St. Mary pour «La disparition de M.Davenheim» et dans
l'épisode «Christmas pudding»
Et
surtout le Burgh Island Hotel...
C'est
là qu'eut lieu le tournage des «Vacances d'Hercule Poirot». Les
producteurs y recréèrent l'hôtel exclusif et isolé où dés le
début du roman, Hercule est envoyé en cure par son médecin à la
suite d'un malaise. Il y rencontre le couple Marshall et il ne peut
s'empêcher d'observer les talents de séductrice de l'épouse,
Arlena... qui sera retrouvera étranglée dans une crique.
Le
choix des producteurs pour Bigbury on Sea, n'est pas le fruit du
hasard: Agatha Christie y résidait régulièrement, sensible au
mystère que dégageait ce lieu reculé et d'une grande beauté.
L'endroit parfait pour y planter une intrigue.
C'est
avec le désir de visiter l’Hôtel, que j'ai parcouru l'été
dernier le South Devon en y découvrant, au cours du chemin, des
bijoux années 30: la ville de Penzance et sa «Jubilee Pool»,
St Ives...
Couverture "Les vacances d'Hercule Poirot" Edition du Masque 1941
Construit en 1929, ce bâtiment art déco traduit l'essence même de ce mouvement décoratif qui se développa en réaction aux troubles politiques des années 20 et qui fut adopté comme un refuge, par une élite fortunée fuyant la récession et la Révolution Bolchevique.
C'est
cette élite, cette clientèle aisée qui fit l'essor du Burgh Island
Hotel dans les années 30. Ils y aimaient l'élégance du lieu et
l'opulence des intérieurs. Logique, ces «décors» se devaient
d'être à la hauteur de l'univers de perfection des propriétaires,
la famille Nettlefold, gestionnaire des Studios de cinéma du même
nom.
Affiche du film WE réalisé par Madonna, diffusé en France en décembre 2012
Production Semtex films
Dans
mon cas, une fois la presqu'île atteinte, encore à pieds secs grâce
à la marée basse, l'immersion fut totale: j'étais invitée à la
traditionnelle «curry party» du Pub Pilchard Inn, situé dans
l'enceinte de l'hôtel, dont il partage la clientèle et les cuisines
("hélas, les soirées dansantes art déco du samedi étaient sold out
depuis des mois, conséquence d'un été anglais toujours éphémère"...).
Qu'à cela ne tienne, sirotant une bière des Cornouailles face à la baie, il faisait bon écouter les conversations des jeunes gentlemen de derrière. Les écussons aux armes de Cambridge trahissaient bien leur appartenance sociale, mais moins que leurs babillages innocents sur la météo – "toujours awful" – au-dessus du manoir écossais, celui du côté de «Mère»...
A peine le temps de leur prêter un avenir radieux entre la City, Wimbledon et le Horse National, que retentissait la cloche de bord de Hans, le maître des lieux.
Bientôt quarante ans que cet ancien capitaine de marine marchande allemand a jeté l'encre à Bigbury, et presque autant qu'il officie au Burgh Island Hotel comme aubergiste. Un teint cramoisi, souligné par deux belles bacchantes qui tiennent plus de celles d'un gentleman farmer que du Kaiser, un caractère de cochon (c'est lui qui le dit) et une faconde à faire bredouiller le premier capitaine d'industrie ou Lord égaré dans les parages.
Bientôt quarante ans que cet ancien capitaine de marine marchande allemand a jeté l'encre à Bigbury, et presque autant qu'il officie au Burgh Island Hotel comme aubergiste. Un teint cramoisi, souligné par deux belles bacchantes qui tiennent plus de celles d'un gentleman farmer que du Kaiser, un caractère de cochon (c'est lui qui le dit) et une faconde à faire bredouiller le premier capitaine d'industrie ou Lord égaré dans les parages.
Douillettement
installée face à la baie, alors que la marée recouvrait l'étroite
bande de sable reliant la petite île à la grande, je vis passer les
mille et un plats indiens de cette curry party pas comme les autres.
Et comme Hans m'avait visiblement à la bonne, je les vis même
passer deux fois...
Le
laissant derrière moi tirer des bouffées de tabac hollandais de sa
pipe, j'allais respirer l'air chargé de sel et de bruyère des
abords de l'hôtel, guettant dans la semi obscurité, la silhouette
hâtive et suspecte d'un quidam en tenue de golf. A cette heure-ci?
Curieux, isn't it?
La série Hercule Poirot m'a également beaucoup séduit par la forte présence de l'archi, du design d'intérieur, des vêtements... (Miami Vice aussi d'ailleurs) bref tout ça pour vous dire combien je suis épaté par votre magnifique blog : bravo
RépondreSupprimerGuillaume
Contente de trouver ton post, je suis une fan des décors, bâtiments et paysages d'Hercule Poirot et Miss Marple.... les voitures, la campagne anglaise , c'est beau et nostalgique..
RépondreSupprimerMerci de nous offir cette belle lecture!