mardi 20 novembre 2012

Un air de famille: Mildred Pierce vs. Edward Hopper


Les années 30, Glendale, banlieue de Los Angeles : la Grande Dépression frappe les Etats Unis. C'est dans ce contexte historique que se déroule Mildred Pierce, le roman de James M. Cain. Ce best seller américain écrit à la fin des années 30, relate le parcours d'une mère au foyer et épouse trompée, qui à force de travail et d'obstination, fait face aux obstacles et à l'adversité pour assumer seule la charge de ses filles et se bâtir une nouvelle vie de femme moderne et autonome vis à vis des hommes.

C'est le récit de cette «self made woman» (de son combat pour s'affranchir de ses propres préjugés de classe) mais aussi et surtout, la relation d'amour toxique qu'elle entretient avec sa fille, la vénéneuse Veda, qui m'ont intéressée dans la série éponyme. Kate Winslet, toujours aussi juste, et Evan Rachel Wood (parfaite dans son rôle de jeune femme arrogante et capricieuse aux faux-airs de Vivien Leigh) y tiennent les rôles titres de Mildred et Veda.




Le long de 5 épisodes, le réalisateur Todd Haynes déploie avec émotion son récit et décortique les tensions et enjeux de cette ascension sociale aux accents de tragédie grecque. Le tout dans une mise en scène soignée qui est bien plus qu'une reconstitution minutieuse du Los Angeles des années 30. La version de Todd Haynes se veut intime, quasi psychanalytique : les décors (villas middle class, cafés Hollywoodiens, mansions de « style Tudor néo-provençal » pour paraphraser Ellroy) doivent servir à l'histoire et traduire les états d'âme de Mildred: son abattement, lorsqu'à la recherche d'un emploi, elle se réfugie esseulée dans un café, son isolement dans sa vie de banlieue et dans son propre mariage...

Si tout au long de la série, on a le sentiment de reconnaître des lieux et des ambiances, c'est que l'univers d'Edward Hopper s'y déploie, presque à chaque plan. Pourtant, le peintre fut inspiré principalement par les paysages urbains de la côte Est – la Pennsylvanie, notamment. Mais quoi de plus naturel que de faire appel à ce peintre de la vie quotidienne (stations service, enseignes publicitaires, bureaux...) et des mutations de la classe moyenne américaine des années 30, pour refléter à travers la succession de fortunes et d'infortunes de Mildred Pierce, le désarroi social et moral de toute une nation à l'arrivée de la Grande Dépression.

Voici quelques images de l'hommage de Todd Haynes à Edward Hopper, à sa peinture du silence, reflet de tensions et solitudes...



"Room in New York"
Edward Hopper




"Hotel room"
Edward Hopper




"Automat"
Edward Hopper




"Chop Suey" 
Edward Hopper




"Gas"
Edward Hopper




"First row orchestra"
Edward  Hopper


"

"Girlie Show"
Edward Hopper




"Office at night"
Edward Hopper



Compositions // SLAVIA VINTAGE

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