Les années 30, Glendale,
banlieue de Los Angeles : la Grande Dépression frappe les Etats
Unis. C'est dans ce contexte historique que se déroule Mildred
Pierce, le roman de James M. Cain. Ce best seller américain écrit à
la fin des années 30, relate le parcours d'une mère au foyer et
épouse trompée, qui à force de travail et d'obstination, fait face
aux obstacles et à l'adversité pour assumer seule la charge de ses
filles et se bâtir une nouvelle vie de femme moderne et autonome vis
à vis des hommes.
C'est le récit de cette «self made
woman» (de son combat pour s'affranchir de ses propres préjugés de
classe) mais aussi et surtout, la relation d'amour toxique qu'elle
entretient avec sa fille, la vénéneuse Veda, qui m'ont intéressée
dans la série éponyme. Kate Winslet, toujours aussi juste, et Evan
Rachel Wood (parfaite dans son rôle de jeune femme arrogante et
capricieuse aux faux-airs de Vivien Leigh) y tiennent les rôles
titres de Mildred et Veda.
Le long de 5 épisodes,
le réalisateur Todd Haynes déploie avec émotion son récit et
décortique les tensions et enjeux de cette ascension sociale aux
accents de tragédie grecque. Le tout dans une mise en scène soignée
qui est bien plus qu'une reconstitution minutieuse du Los Angeles des
années 30. La version de Todd Haynes se veut intime, quasi
psychanalytique : les décors (villas middle class, cafés
Hollywoodiens, mansions de « style Tudor néo-provençal »
pour paraphraser Ellroy) doivent servir à l'histoire et traduire les
états d'âme de Mildred: son abattement, lorsqu'à la recherche d'un
emploi, elle se réfugie esseulée dans un café, son isolement dans
sa vie de banlieue et dans son propre mariage...
Si tout au long de la
série, on a le sentiment de reconnaître des lieux et des ambiances,
c'est que l'univers d'Edward Hopper s'y déploie, presque à chaque
plan. Pourtant, le peintre fut inspiré principalement par les
paysages urbains de la côte Est – la Pennsylvanie, notamment. Mais
quoi de plus naturel que de faire appel à ce peintre de la vie
quotidienne (stations service, enseignes publicitaires, bureaux...) et des mutations de la classe moyenne américaine des
années 30, pour refléter à travers la succession de fortunes et
d'infortunes de Mildred Pierce, le désarroi social et moral de toute
une nation à l'arrivée de la Grande Dépression.
Voici quelques images de l'hommage de
Todd Haynes à Edward Hopper, à sa peinture du silence, reflet de
tensions et solitudes...
"Room in New York"
Edward Hopper
"Hotel room"
Edward Hopper
"Automat"
Edward Hopper
"Chop Suey"
Edward Hopper
"Gas"
Edward Hopper
"First row orchestra"
Edward Hopper
"
"Girlie Show"
"Office at night"
Edward Hopper
Compositions // SLAVIA VINTAGE
So interesting!!! :)
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