mercredi 8 avril 2015

De Unie - Rotterdam : le style De Stijl


Lorsqu'au printemps, une fois n'est pas coutume, le vent me porte vers l'Ouest, c'est souvent du côté des Polders. Négligée par les visiteurs au profit d'Amsterdam, Rotterdam a depuis longtemps appris à ne plus s'en formaliser. Pourtant, le plus grand port d'Europe - et pour quelques années encore le deuxième au monde - occupe une place autrement plus significative dans l'histoire des XXe et XXIe siècle. 

Outre sa puissance commerciale incomparable, c'est sa capacité à réinventer l'architecture, rendue nécessaire par les aléas de son histoire récente, qui a imprimé sa marque dans le paysage. J'ai déjà évoqué ici le souvenir de son destin transatlantique, à travers l'Hôtel New York, vestige des années 1900 isolé au bout d'un quai. 

Une escapade hollandaise me donne l'occasion de m'arrêter à nouveau devant la façade du Café de Unie. 




Son histoire, étrangement assez méconnue au regard de l'attention portée au mouvement De Stijl (Le Style) initié par le Mondrian et van Doesburg, illustre bien ce qui fait pour moi tout l'intérêt de Rotterdam.

Le Café de Unie a été édifié sur des plans de Jacobus Johannes Pieter Oud (plus connu sous ses initiales JJP Oud) en 1925, alors que le groupe De Stijl est déjà en proie à des dissensions liées en particulier au rôle d'inspirateur de Mondrian. Récemment nommé architecte en chef de la municipalité, Oud a néanmoins les coudées franches pour signer le deuxième manifeste architectural du mouvement, après la Schröderhuis de Gerrit Rietweld à Utrecht, sortie de terre un an auparavent.




Situé sur la grande avenue de Coolsingel, conduisant à l'Hôtel de Ville, la façade toute en couleurs primaires et lignes géométriques tranche avec les pompeux bâtiments civils alors situés de part et d'autre. A peine quelques mois après son inauguration controversée, le Café de Unie est reconverti en galerie. 

Durant toute l'Entre-Deux-Guerres, nombreux sont ceux qui réclament rien moins que sa destruction. Leur voeu est exhaucé en mai 1940, lorsque la façade est emportée par une bombe allemande, comme près des deux-tiers de la ville…




Un destin tourmenté, à l'image de Rotterdam. Depuis, une réplique de celui-ci a été édifiée en 1986, lorsqu'au terme de près de deux décennies de "casse" architecturale, Rotterdam consent à nouveau à se tourner vers son passé. Edifié à 500m du site originel, ce fac-similé peine à trouver sa fonction. Oscillant aujourd'hui entre galerie et café éphémère et la patine aidant, il a fini par ressembler à s'y méprendre au modèle original!





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Crédit photos // SLAVIA VINTAGE


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