mercredi 19 décembre 2012

Les neiges d'antan : les sports d'hiver vus par Hemingway


Après la Première Guerre Mondiale, le ski alpin, pratiqué depuis la fin du XIXe par une poignée de mordus anglais, connait les prémices de son essor dans les stations des Alpes, et recrute notamment  parmi la communauté américaine restée sur le Continent après le conflit. Ce n'est pas étonnant, ce sport alors rejeté par les puristes, répond au crédo des membres de la "Génération perdue": soleil, émotions fortes, grand air et généreux gueuletons arrosés d'eau de vie!!!

Ernest Hemingway compte ainsi parmi les premiers à fréquenter assidument ces villages où s'invente la mode des sports d'hiver : Gstaadt, Zermatt, Cortina... Dès 1922, il y conduit sa jeune femme Hadley pour de longues retraites entre ski et randonnées. 

En 1926, le couple y coule encore des jours heureux évoqués dans Paris est une fête. Mais le temps des pionniers et des pensions prises chez les paysans du cru commence à prendre fin : le ski se popularise, les premières stations sont édifiées (telle Mégève, en 1925), et les pistes  accueillent une société multi-nationale semblable à celle des Palaces de la Côte, en hiver. C'est la fin d'une époque que Hemingway regrette. C'est la fin aussi de son premier mariage...

Extraits de "Paris est une fête" de Ernest Hemingway 1964
Editions Gallimard, collection Folio
Traduit de l'américain par Marc Saporta


Graphisme: Cristiana Couceiro

"Le ski n'était pas ce qu'il est devenu (...). Il n' y avait pas de patrouilles de secouristes et si vous descendiez une pente, vous deviez la remonter(...) Walther Lent pensait que le plaisir de skier consistait à pénétrer dans les régions les plus élevées de la montagne, où l'on ne rencontrait personne, et où la neige était vierge, pour aller d'un refuge à un autre par-dessus les crêtes et les glaciers des Alpes"



"Hadley et moi nous adorions skier depuis que nous avions fait nos débuts ensemble en Suisse, et plus tard, à Cortina d'Ampezzo, dans les Dolomites alors que nous attendions la naissance de Bumby et que le médecin de Milan avait autorisé ma femme à skier si je lui promettais qu'elle ne tomberait pas. (...) Nous connaissions tous, alors toutes les sortes de neige et chacun savait comment effectuer une descente dans la neige la plus poudreuse."


Graphisme: ninetten 57' 

"Pour les paysans de la région supérieure de Montafon, tous ceux qui, comme nous louaient, parmi eux, des porteurs sur le chemin de la Madlener-Haus, étaient des démons étrangers attirés par les sommets dont tout le monde au contraire aurait dû s'écarter"




"L'hiver, à Schruns, je portais la barbe pour me protéger du soleil qui me brulait si cruellement le visage, sur les hautes neiges et je ne me souciais aucunement de me faire couper les cheveux. Un soir, plus tard, alors que descendais à skis la piste des bûcherons, Herr Lent me dit que des paysans que j'avais croisés sur les pistes, au-dessus de Schruns, m'avaient appelé le "Christ noir."


Photo: "Schweizerische Winterkurorte," circa 1935

"Le matin, après le petit déjeuner chacun prenait son barda avant de se mettre en route dans le noir, et nous commencions à grimper sous les étoiles proches et brillantes, avec nos skis sur les émules."


Graphisme: Mark Lazenby




"Au cours de notre dernier hiver en montagne, des nouveaux venus pénétrèrent profondément dans notre existence, et rien ne fit plus jamais comme avant."



Photo: Trevor Orton  



 Photo rangement // SLAVIA VINTAGE



 Photo: Woodlanshop 

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