jeudi 30 avril 2015

Dlouha "meating" point - Prague


Lors nos premières années pragoises, nous étions chez nous rue Dlouha, longue artère, c'est son nom, qui relie la place de la Veille ville à l'Avenue de la Révolution. C'était déjà au 21ème siècle, mais cela semble déjà loin, tant elle a changé ces deux dernières années!

Avant cela, seule une ferblanterie tout droit sortie d'un roman de Max Brod ou Gustav Meyrink, un café-boulangerie tout de faïence vêtu et la présence du Roxy, l'un des meilleurs clubs de la ville dans les années 1990-2000, sortaient ses trottoirs de l'ordinaire pragois : celui de façades inévitablement belles et harmonieuses... mais ça, c'était avant.






Avant que l'excellent groupe Ambiente, déjà propriétaire du Café Savoy, du restaurant de viandes Čestr et d'une poignée d'autres adresses à peine moins notables des deux côtés de la Vltava, ne décide d'acquérir un immense local au n°33. Baptisé simplement "Lokal", cette nouvelle adresse inaugura illico la tendance des néo-brasseries, où l'on prend à nouveau la bière au sérieux. Discret hommage aux années 1970-80 - rideaux en crochet, éclairage au néon, plats affichés sur un panneau et unes de magazines de l'époque, Lokal évite pourtant le pastiche. 

Sur les parements de bois, les habituels sgraffites des clients sont livrés d'origine et rétroéclairés, et aux extrémités de l'immense salle, trônent deux citernes de bière high-tech qui font de la Pilsen servie au Lokal la meilleure de Prague, n'en déplaise aux brasseries historiques. Au menu, tous les classiques de brasserie tchèques : camembert mariné (nakládaný hermelín, andouillette (talián), tartare (tatarák). Résultat : Lokal ne désemplit pas, et essaime ses épigones à Karlin et Mala Strana. 






A deux pas du Lokal, au n°39, Ambiente s'est depuis fendu d'un autre établissement. Naše Maso (notre viande) a immédiatement rejoint le panthéon des foodistas pragois. Combinaison d'une boucherie de haut vol et d'un stand de finger food, on y choisit son morceau préféré, découpé par l'élite bouchère tchèque puis préparé sous forme de sandwich ou de snack par l'un des beaux tatoués de service

Clientèle plus féminine chez Sisters, qui jouxte Naše Maso. Ouvert à peu près en même temps, Sisters revisite la version tchèque du pincho espagnol : le chlebiček, un toast plus ou moins savamment garni. Ici, évidemment, que de beaux produits, arrosés de vins blancs italiens et tchèques, avec une influence scandinave voulue par sa créatrice Hana Michopulu, une référence de la scène gastronomique pragoise. A tester absolument!








Crédit photos // Sites officiels Lokal/ Sisters/ Nase Maso

mercredi 8 avril 2015

Gra-fika sur Slavia Vintage : sérigraphies architecturales

C'est l'histoire d'une rencontre évidente : celle de Gra-fika et de Slavia Vintage. En découvrant les sérigraphies de Katarjina, nos univers respectifs semblaient faits l'un pour l'autre!

Même passion pour l'achitecture polonaise des années 60 et 70 d'inspiration parfois moderniste parfois marquée par l'esthétique communiste, même goût pour la simplicité des lignes des dessins d'architecte et une identité visuelle très proche, faite de mix and match où l'on retrouve les icônes du design vintage polonais qui passent régulièrement entre nos mains!










Crédit photos // GRA-FIKA

De Unie - Rotterdam : le style De Stijl


Lorsqu'au printemps, une fois n'est pas coutume, le vent me porte vers l'Ouest, c'est souvent du côté des Polders. Négligée par les visiteurs au profit d'Amsterdam, Rotterdam a depuis longtemps appris à ne plus s'en formaliser. Pourtant, le plus grand port d'Europe - et pour quelques années encore le deuxième au monde - occupe une place autrement plus significative dans l'histoire des XXe et XXIe siècle. 

Outre sa puissance commerciale incomparable, c'est sa capacité à réinventer l'architecture, rendue nécessaire par les aléas de son histoire récente, qui a imprimé sa marque dans le paysage. J'ai déjà évoqué ici le souvenir de son destin transatlantique, à travers l'Hôtel New York, vestige des années 1900 isolé au bout d'un quai. 

Une escapade hollandaise me donne l'occasion de m'arrêter à nouveau devant la façade du Café de Unie. 




Son histoire, étrangement assez méconnue au regard de l'attention portée au mouvement De Stijl (Le Style) initié par le Mondrian et van Doesburg, illustre bien ce qui fait pour moi tout l'intérêt de Rotterdam.

Le Café de Unie a été édifié sur des plans de Jacobus Johannes Pieter Oud (plus connu sous ses initiales JJP Oud) en 1925, alors que le groupe De Stijl est déjà en proie à des dissensions liées en particulier au rôle d'inspirateur de Mondrian. Récemment nommé architecte en chef de la municipalité, Oud a néanmoins les coudées franches pour signer le deuxième manifeste architectural du mouvement, après la Schröderhuis de Gerrit Rietweld à Utrecht, sortie de terre un an auparavent.




Situé sur la grande avenue de Coolsingel, conduisant à l'Hôtel de Ville, la façade toute en couleurs primaires et lignes géométriques tranche avec les pompeux bâtiments civils alors situés de part et d'autre. A peine quelques mois après son inauguration controversée, le Café de Unie est reconverti en galerie. 

Durant toute l'Entre-Deux-Guerres, nombreux sont ceux qui réclament rien moins que sa destruction. Leur voeu est exhaucé en mai 1940, lorsque la façade est emportée par une bombe allemande, comme près des deux-tiers de la ville…




Un destin tourmenté, à l'image de Rotterdam. Depuis, une réplique de celui-ci a été édifiée en 1986, lorsqu'au terme de près de deux décennies de "casse" architecturale, Rotterdam consent à nouveau à se tourner vers son passé. Edifié à 500m du site originel, ce fac-similé peine à trouver sa fonction. Oscillant aujourd'hui entre galerie et café éphémère et la patine aidant, il a fini par ressembler à s'y méprendre au modèle original!





Si vous aimez De Unie-Rotterdam, vous aimerez peut-être
 le Jeu de cubes de Mallet-Stevens, La villa Tugendhat ou La Villa Noailles


Crédit photos // SLAVIA VINTAGE