samedi 30 novembre 2013

Parc de Vigeland - Oslo

Vigeland... Un nom qui résonne comme la contrée imaginaire d'un Heroic fantasy ou le royaume obscur d'une légende nordique. 

Le plus surprenant lorsqu'on découvre le Frogner Parc est que ce vaste jardin est certes habité par des centaines de sculptures en granit et bronze mais contrairement à ce que l'on aurait pu imaginer, ces silhouettes ne représentent pas des guerriers et de chevaliers altiers... 

Le sculpteur Gustav Vigeland, très lié à la définition de l'identité nationale norvégienne, consacrera 20 ans de sa vie -entre 1923 et 1943- à traduire dans ses statues (qu'il réalisera seul!), des images loin des allégories glorieuses, des scènes de la vie quotidienne et familiale : les relations père-fils, les couples, les fratries... Des nus de tous les âges, émouvants par leur naturel. 




















Crédit photos// SLAVIA VINTAGE

jeudi 28 novembre 2013

OVAL - Barcelona

Mon dernier coup de coeur  :  le OVAL à Barcelone.  Sobre, simple et réussi.  

Un concept résolument moderne mélangeant les inspirations : des lampes de style Pierre Guariche et quelques chaises et menus 50's,  des murs en briques, des fauteuils en sky 70's et des plantes vertes suspendues aux airs de loft bohème new yorkais et puis des teintes claires, du pin et de l'espace (le grand luxe des locaux à Barcelone) pour rafraîchir le tout. 

Dans les murs, les tables, le bar et les portes, le bois clair unifie l'espace, l'illumine et donne à l'Oval un air nouveau. 























Si vous aimez OVAL vous aimerez peut-être "Mix and match" - Bratislava et I need Coffee - Prague

Crédit photos // SLAVIA VINTAGE

mercredi 20 novembre 2013

Néons et passages


Quel meilleur moyen de se préserver du froid que les passages couverts des capitales. Voici quelques clichés des galeries pragoises, riches en néons, verrières et vitrines vintage. Tortueuses, elles cachent toujours aujourd'hui salles de bal et théâtres dans leur jus. 

Bâties le plus souvent sous la 1ère République, ces galeries traduisent l'énergie et l'avant-garde architecturale du Prague de Masaryk. Au cours des années folles, elles deviennent des véritables symboles de modernité et grands magasins, cinémas et cabarets y trouvent leur place.







Quelques années plus tard, leur perception change. Elles deviennent aux yeux des communistes arrivés au pouvoir, le reflet du mode de vie et de consommation bourgeois. Les galeries vont ainsi connaître, entre 1950 et 1970, une longue période d'abandon. Les commerces ferment,  les murs et verrières se détériorent. Ce ne sont plus des lieux de loisir. On ne fait qu'y circuler...








Après 68, les sous-sols et recoins cachés de ces passages, permettent d'y abriter des réunions clandestines et une partie de la jeunesse s'y retrouve. Leur rôle politique se cristallise lors des manifestations de 1989, devenant à la fois des lieux de fuite et de violence policière. 










Aujourd'hui,  le beau vitrail Tesla de la galerie Svetozor, les enseignes 80's et les verrières des années 30 et 50, font de ces passages un véritable condensé de la création et de l'histoire mouvementée tchèque. Prenez le temps de vous perdre...


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Crédit photos // SLAVIA VINTAGE

vendredi 1 novembre 2013

Velvet revolution vs.Velvet Underground (Havel, Reed & band)



Dans la biographie un rien sombre de Lou Reed, disparu cette semaine à 71 ans, son admiration sans borne pour l'ancien Président tchèque Vaclav Havel, décédé en 2012, ne laisse pas de surprendre.


Peu amène avec ses contemporains - en particulier les journalistes, un peu trop enclins à lui tailler le costard un peu étroit de diva misanthrope, et guère porté sur le compromis artistique comme en atteste une oeuvre d'autant plus mythique qu'elle n'a jamais trouvé son public, le fondateur du Velvet Underground, le premier groupe punk de l'histoire, n'avait pas une âme de midinette.

Et pourtant, à l'instar des Rollingstones - Mick Jagger et Keith Richards au premier chef, et de Frank Zappa, il nourrissait une amitié indéfectible pour Vaclav Havel, dont témoignent ces lignes écrites lors de la disparition de ce dernier:

"I am beyond saddened at the loss of my dear friend and inspirational leader Pres. Havel. A man's man. A leader, thinker speaker writer and so brave. And funny and great. this is a terrible loss for this world and certainly for me personally. I will try to remember every last word and mental picture of this great great man who was necessary more than ever in a world gone mad. I would so much have loved to bring him up to date on Occupy. I admired him before all others. A true hero in a world bereft".



Qu'est-ce qui pouvait bien attirer Lou Reed et d'autres icônes du rock mondial dans le parcours de Vaclav Havel, ce fils de riches bourgeois (à la tête d'un empire du cinéma et du divertissement dans le Prague de l'Entre-Deux-Guerres) privé d'études par les communistes et n'ayant trouvé son salut dans le théâtre que par l'exercice de boulots de régisseur, avant de voir ses pièces anticonformistes jouées à la faveur du Printemps de Prague?

Précisément, lorsqu'en 1968, le rideau de fer s’entrouvre fugacement en Tchécoslovaquie, Vaclav Havel en profite pour gagner New York, où l'on joue l'une de ses œuvres à l'Université de Columbia. On raconte que c'est alors qu'un ami lui met entre les mains le premier album culte d'un nouveau groupe baptisé le Velvet Underground, et dont la jaquette s'orne d'une banane phallique signée Andy Wharhol (lui-même originaire de Slovaquie).




De retour au pays, Vaclav Havel voit la parenthèse s'achever par l'invasion soviétique. Au cours des deux décennies suivantes, reclus dans un exil intérieur, celui-ci fait de sa maison de campagne en Bohême l'un des atolls de l'archipel de la dissidence. Plasticiens, dramaturges, musiciens, toute une "cité parallèle" s'organise dans l'underground tchèque, se jouant des persécutions du régime. Havel accumule une discographie de contrebande où le Rock tient le haut du pavé. 

Directement inspirés du Velvet,  les membres du groupe The Plastic People of the Universe, dont les paroles sont le fait d'un poète de renom, sont harcelés par les autorités, au point qu'en 1977, un meeting de soutien au groupe contribuera à la naissance de la Charte 77, le principal mouvement dissident en Tchécoslovaquie... Aux côtés de Reed, les Rollingstones et Frank Zappa deviennent la bande son d'une génération d'opposants.





Décembre 1989 : sorti de prison quelques mois plus tôt, Vaclav Havel, porte-parole de la Charte 77, est élu Président par une assemblée communiste désemparée. Dès 1990, Lou Reed reçoit une commande de Rollingstone Magazine : en tête de la liste des personnes auxquelles le très populaire leader de la Révolution de velours concéderait volontiers une interview, tous médias confondus, figure "Lou Reed, Chanteur. Nationalité : américaine"...

Affligés de la même timidité, les deux hommes se tournent autour un bon moment : Havel a honte de recevoir son idole dans ses habits de Président et dans un Château de Prague encore lesté de la pompe communiste. Reed se sent illégitime face à celui qu'il considère depuis plusieurs années comme un héros... puis la conversation se fait plus fluide lorsqu'ils abordent ensemble les thèmes de la poésie, des oeuvres de jeunesse et enfin, du Rock'n Roll. Après un silence, Havel sort cette phrase qui scellera leur amitié : "M. Reed, savez-vous au moins que c'est grâce à vous que je suis Président?"...




La même année, Reed, tout comme les Rollingstones et Frank Zappa, donnent des concerts à Prague, que tous retiennent parmi les moments phares de leurs carrières sur scène. Ils reviendront à plusieurs reprises (Reed notamment en 2005 et 2006, les Rollingstones pour un concert programmé lorsque Havel achève son dernier mandat de président, en 2003).


Entre temps, en 1998, Reed a fait une entorse majeure à son éthique de vieux routard du punk : à la demande de Havel, reçu à la Maison Blanche, il accepte de jouer devant les Clinton, Gore et autres Kissinger... et lorsqu'un journaliste outrecuidant lui fait remarquer, Lou Reed troque son ton acerbe pour un presque enfantin "pour lui, je jouerais sur la Lune".




En résidence artistique à Columbia dans les années 2000, Havel aura maintes fois l'occasion d'échanger avec Lou Reed et les deux hommes n'auront cessé de nourrir leur amitié jusqu'à la mort du premier.

S'il est admis d'ordinaire que la révolution de 1989 en Tchécoslovaquie fut baptisée "de velours" car elle ne fit pas verser de sang, Havel livra lui-même une autre explication dans un entretien avec Salman Rushdie, en 1999, dans lequel il souligne son admiration pour le Velvet Underground : "Why do you think we called it the Velvet Revolution?".