dimanche 31 mars 2013

El Velodromo Barcelona


A Barcelone, la brasserie catalane Moritz a ré-ouvert en 2009 une institution des années 30, « El Velodromo ». J'ai aimé ce lieu tout de suite: son amplitude et le ballet des serveurs qui me rappellent les grands cafés d'Europe Centrale... mais aussi le mélange réussi des générations dans un seul et même espace.

Le choix du type de rénovation (réalisée par le studio Pilar Libano et respectant volontairement l'ancienne identité des lieux)  explique que les anciens clients du quartier se sentent au Velodromo aussi bien que par le passé!

Ils y prennent toujours leur vermouth "de grifo" (au robinet) ou leur "chocolate con churros" mais y croisent, depuis l'inauguration, une nouvelle génération d'habitués qui en apprécient surtout l'ambiance  et le créneau horaire très large: jusqu'à 3 heures du matin et même plus... Ils y trouvent des tapas de qualité et des bocadillos soignés pour combler un petit creux (combien de fois le Velodromo m'a sauvée d'une fringale nocturne!), et puis la presse, un billard, un bar à cocktails.




     El Velodromo : Carrer Muntaner, 213  08036










Et une atmosphère... Pendant des décennies ce lieu  a accueilli des politiques, des artistes et des intellectuels et devient un lieu d'échanges et de "tertulias". Au cours de la Guerre Civile, ce rôle se renforce: se retrouvent au Velodromo les membres du gouvernement de la République, réfugiés à Barcelone. A l'arrivée du franquisme, la gauche barcelonaise gardera pour habitude de s'y retrouver.

Quand il y a quelques années, Moritz récupère le lieu, la marque cherche à en faire l'un de ses flagships, dans son entreprise pour renouer avec l'esprit de cette maison longtemps tombée dans l'oubli. Privilégiant le rachat de lieux emblématiques à la publicité, s'entourant de signatures comme Jean Nouvel, qui conçoit la réhabilitation de l'ancienne brasserie de la marque (même si la bière elle-même est brassée dans l'Aragon voisin, à Saragosse), Moritz entreprend une longue réhabilitation qui dure 6 ans et au fil de laquelle "tout change mais rien ne change" pour garder l'authenticité, le volume et le caractère du lieu. 

Les touches de modernité (chaises et tabourets contemporains aux couleurs primaires, lumières indirectes et tapisseries d'un rouge éclatant) ayant pour but de mettre en avant le bois sombre du mobilier d'origine, l'escalier central, l'ancien billard, les murs pâtinés par le temps, la signalétique vintage des vitrines... A voir les différentes clientèles prendre leur temps au Velodromo et échanger à tout heure du jour et de la nuit, on se dit que le pari de Moritz a été une réussite!


                                                           









Crédit photos // SLAVIA VINTAGE

mercredi 27 mars 2013

Les ballets Russes/ Russian ballets

Depuis longtemps les "Ballets russes" me fascinent...


Il y a un avant et un après les "Ballets russes" : dans le Paris de 1909 cette compagnie de danse, menée par Serge Diaghilev, provoque avec ses spectacles un véritable choc culturel et mondain. 


Le public parisien découvre une vision de l'univers slave, nouvelle et exotique, avec des accents orientaux qui influenceront la mode de l'époque : l'intensité des couleurs et les broderies des silhouettes proposées en 1910 par Léon Baskt dans « Shéhérazade » inspirent le couturier Paul Poiret et donnent libre cours à son imagination : turbans, tuniques, drapés, deviennent sa marque de fabrique. 


Il met d'ailleurs en scène cet univers opulent en organisant des fêtes spectaculaires, comme la fameuse « Mille et deuxième nuit » -qui marquera les nuits parisiennes- ou "la fête de Bacchus" au cours de laquelle Isadora Duncan dansera sur les tables, au milieu de 3OO invités et 900 bouteilles de champagnes seront consommées en une seule nuit!

Illustration de Léon Baskt


Illustration de Léon Baskt 
(créateur des décors et costumes pour les Ballets Russes de entre 1909 et 1921)


Dans la série "Downton Abbey», on retrouve d'ailleurs un petit clin d'oeil à cet engouement orientaliste lorsque, Lady Sybil, la plus jeune et indépendante des héroïnes, montre avec fierté ses pantalons harem et son bustier brodé...




"Downton Abbey"  (Julian Fellowes/Royaume Uni)

Dés le début des années 1910's, le public est séduit par l'esprit d'avant-garde de cette troupe. La modernité fera partie désormais de son ADN. 


Et l'intérêt ne cessera de grandir car Diaghilev cherche constamment à renouveler les spectacles en s'entourant de la créativité d'artistes en devenir ou confirmés: Cocteau, Picasso, Miro... qui modernisent l'art du ballet et apportent une nouvelle énergie. Stravinsky plonge le public dans une musique faite de dissonances, l'expressionnisme influence les chorégraphies, Nijinsky séduit par son exigence technique : une page se tourne, le ballet devient de l'art moderne et un terrain d'expérimentation.

          

Illustration de Léon Baskt 

Après la Révolution bolchevique de 1917, une communauté de Russes blancs et d'artistes doit s'exiler à Paris. C'est le cas des danseurs des Ballets russes qui deviennent une troupe de réfugiés en tournée. Ainsi, dans les années 20, les russes en exil influencent le milieu culturel et artistique parisien, au coeur duquel se trouve alors Coco Chanel. 


Inspirée par l'univers  russe et cosaque, Gabrielle Chanel crée à cette période le parfum "cuir de Russie" et intègre des broderies et des roubachka (tuniques folkloriques russes) dans ses collections. Elle engage de nombreuses couturières, vendeuses et modèles russes dans sa Maison et collabore avec la Grande-duchesse Maria Pavlovna Romanova.

Depuis 1913, elle suit de près l'univers créatif slave, bouleversée par "Le sacre du printemps", ballet russe avant-gardiste, présenté au théâtre des Champs Elysées qui provoque un véritable scandale à l'époque.




L'impact de ce ballet est très bien traduit dans le film "Coco Chanel et Igor Stravinsky" de Jan Kounen (2009) qui nous fait ressentir la violence visuelle de la chorégraphie d'inspiration païenne de Nijinsky et les rythmes féroces de la musique de Stravinsky. Ainsi que l'émotion de la créatrice, séduite par le talent et la modernité du compositeur.

Il s'agit de leur première « rencontre ». 7 ans plus tard, Igor Stravinsky fuyant la Révolution russe, se réfugie à Paris et Coco Chanel l'accueille lui et sa famille dans sa maison de campagne Bel Respiro (reconstitué avec sobrieté et élégance dans le film : éléments Art Déco, motifs géométriques, noir, blanc et ivoire omniprésents rappellant les couleurs de la maison Chanel et le piano et les partitions de Stravinsky). Une relation amoureuse (vouée à l'échec) commence...



"Coco Chanel et Igor Stravinsky" Jan Kounen 2009 (Anna Mouglalis & Mads Mikkelsen)

A partir de 1919, Chanel travaille en 4 occasions avec Diaghilev et apporte un nouvelle impulsion à la troupe. Dessiner des costumes pour un ballet est pour elle l'occasion de d'atteindre la liberté de mouvement qu'elle recherche aussi pour les femmes dans sa propre Maison de couture. 

En 1924, elle crée tous les costumes du spectacle le « Train bleu » (ballet qui doit son mon au train inauguré 2 ans auparavant reliant Paris à la Côte d'Azur) et conçoit pour ce ballet des modèles d'allure sportswear en jersey! 

Elle croise dans ce projet Jean Cocteau, qui crée le livret, Picasso qui conçoit le programme...



 Coco Chanel et son ami Serge Lifar, danseur de la troupe dans les années 20



Jusqu'à la fin en 1929, la vitalité des "Ballets russes" reposera sur cette volonté de collaborer, d'expérimenter et de croiser toutes les formes d'expression artistique, évoluant  des spectacles slavo-orientaux de 1909 au jazz et au futurisme des années 20/30. 

Cette compagnie trouvera sa place et contribuera à la créativité de la Belle Epoque tout en marquant plus tard les Années Folles grâce à l' esprit d'avant-garde de son imprésario. Des Ballets Russes menés et marqués par la personnalité de Diaghilev, directeur artistique hors du commun qui fit toujours passer l'intérêt de la troupe avant tout. 

De 1907 à 1929, malgré le soutien de nombreux mécènes et les succès des représentations, Il devra faire face à des difficultés économiques. Il meurt à Venise, ruiné, en 1929 (Gabrielle Chanel paye ses funérailles), la troupe se disperse... 


Affiche des Ballets russes
Février 1930

samedi 23 mars 2013

Granja Petitbo - Barcelona


Dans mon ancien quartier à Barcelone a ouvert « La Granja Petitbo »: un espace lumineux aux hauts plafonds où l'on peut prendre son temps (avec un large choix de lectures digne d'un café autrichien!), reprendre des forces avec des pancakes Nutella-cannelle et se laisser séduire par une ambiance vintage colorée et créative faite de suspensions dénivelées, de peintures savamment décrépies et de chaises dépareillées: un rocking chair 50's près des baies vitrées, des fauteuils club au cuir vieilli pour s'y attarder lors des brunchs du dimanche et des chaises de bistrot, de style Thonet, aux assises "home made" fushia. Une adresse à retenir...

Granja Petitbo 
Passeig Sant Joan, 82
08009   Barcelone














Crédit photos // SLAVIA VINTAGE

mercredi 20 mars 2013

The 70's argentinian touch






Quand je craque pour une lampe ou une suspension orange je pense toujours aux univers des films seventies de Claude Sautet... mais aussi au restaurant Unico, un des nouveaux "classiques" à Paris.

Ouvert il y a quelques années par deux Argentins dans le XI ème (Marcelo Joulia, architecte et Enrique Zanoni, photographe) dans une  ancienne boucherie des années 70, ce restaurant reste toujours une référence de la cuisine sud-américaine dans la capitale, aujourd'hui mise en valeur par des adresses plus récentes comme la taqueria "Candelaria" ou les 2 restaurants de "Clasico argentino" avec leurs empanadas arrosées de Quilmes bien fraîches.

Ce lieu garde sa place par son savant équilibre de  constance gastronomique et de branchitude vintage.
                           
                                                        Unico : el restaurante argentino
                                                        15 Rue Paul Bert 
                                                        75011   Paris










Son succès bien sûr repose sur la qualité de ses plats : viande savoureuse de Patagonie, vins gouleyants et délicieux dulce de leche importé d'Argentine... mais aussi sur son décor. 

Un savant équilibre de mobilier design et d'éléments vintage provenant
de l'ancienne boucherie (à voir sur le site "les photos avant": El Unico) conservés instinctivement par les propriétaires. 

Comment trouver un meilleur cadre pour un  restaurant argentin avec son étal de viande, ses crochets? Les suspensions orange, le carrelage marron,  la façade 70's et le mobilier en formica ne pouvaient qu'y trouver naturellement leur place. Et surtout une nouvelle fraîcheur mixés à des grandes tables conviviales et des chaises contemporaines. 1965 version XXIème!









 Photos lampes, assiette // SLAVIA VINTAGE
Photos du restaurant site officiel : El Unico

dimanche 17 mars 2013

Le mouvement en noir et blanc : Jacques Henri Lartigue


Capter la vitesse, la quiétude et Renée Perle ... 



Exposition : "Lartigue, l'émerveillé" 

24 novembre 2012-26 mai 2013 au Jeu de Paume Paris













mardi 12 mars 2013

Berlin: Michelberger Hotel

BERLIN: impossible de ne pas y retourner dés que l'opportunité se présente. Dans son centre ville, près du pont Oberbaum : Le Michelberger Hotel, provoque le même effet! Une fois que l'on goûte à l'atmosphère si berlinoise de cet hôtel, branché mais toujours décontracté, on a dû mal à tester d'autres adresses (surtout avec des chambres à partir de 60 euros). 
                 




Ouvert dans une ancienne usine, par un groupe d'amis trentenaires, sous la houlette de Tom Michelberger, cet hôtel respire la créativité et la simplicité : à la fois boutique Hotel, guest house et auberge de jeunesse hipster, c'est  un lieu de vie et de rencontres: concerts "live" dans la cour centrale, conférences dans le "Backstage", tournois de pocker dans le "Whisky room", mariages éclairés à la bougie, dans cette salle de restaurant au carrelage métro qui mérite à elle seule un prochain post... un lieu d'échanges fréquenté non seulement par les clients de l'hôtel mais aussi  par des habitués et des gens du quartier. 








Lors de mon premier séjour, l'Hôtel venait tout juste d'ouvrir et il était surprenant dés le hall, avec son abondance de détails: "abats-jours livres", vielles valises empilées, accumulation de coucous suisses aux fuseaux horaires internationaux, profusion de chaises dépareillées... Une décoration personnelle et créative en accord avec l'identité visuelle du site, le Michelberger Hotel étant en plus d'un hôtel, un studio de création graphique.






Et dans les chambres, une décoration simple, lumineuse et bien pensée mixant mobilier vintage et moderne. Un esprit loft avec des hauts plafonds et des grandes baies vitrées.   Et des chambres toujours confortables. 

Pour l'instant j'ai essayé la" cosy", la "loft" et la "band" mais bien d'autres options sont possibles: même louer une chambre au style tyrolien: Das grosse Chalet!






Le Michelberger Hotel est un lieu à l'image de sa ville : vivant,  abordable, surprenant. Un hôtel où l'on prend toujours plaisir à revenir, et si possible, en voiture (même si c'est long!) pour dénicher dans les bazars berlinois ces petites chaises scolaires allemandes en Pagholz, des années 60, si pratiques et stylées en tables de chevet.

Crédit photos // SLAVIA VINTAGE
Crédit photos Hotel// site Michelberger Hotel et site // Hotelswelove

dimanche 10 mars 2013

F.Scott Fitzgerald : Country club

L'univers des "Country club" by F. Scott Fitzgerald... Extraits



« Yanci et son père étaient les deux plus charmants personnages de la ville du Middle West où ils habitaient. Tom Bowman devait la réjouissante vigueur de son teint à vingt ans d'excellent whisky et de golf médiocre. Il avait un bureau, dans le bas de la ville, et s'occupait en principe d'une vague affaire d'immobilier. Mais son primordial intérêt dans la vie, était d'exposer son superbe profil et l' élégance raffinée de ses manières, dans les locaux du country club ».

"Fragments du Paradis: Une jeune fille très populaire" F.Scott Fitzgerald
Traduction Jacques Tournier - Livre de Poche




« Yanci admirait son père. Elle l'admirait pour son élégance, pour le charme de ses manières. Il n' avait jamais tout à fait perdu ce qui avait fait de lui, autrefois l'un de membres les plus populaires du club Skull and Bones de Yale. Ce charme était comme un mètre-étalon, à partir duquel son tempérament de jeune fille sensible jaugeait insconsciemment tous les hommes qu'elle rencontrait. »

"Fragments du Paradis: Une jeune fille très populaire" F.Scott Fitzgerald
Traduction Jacques Tournier - Livre de Poche





"Yanci était arrivée à trouver franchement ridicule les soirées dansantes du country club. On pouvait les prendre, au début pour des carnavals féériques, où des tendres vierges, ornées de bijoux, et rougissant avec le plus rose des à propos, s'offraient d'elles-mêmes au mâle étranger et fascinant. Mais l'image avait fini par se dégrader et ce n'étaient plus désormais que des réunions banales, où se déroulait avec indécence une exhibition de mobiles mis à nu et d'échecs indiscutables."


"Fragments du Paradis: Une jeune fille très populaire"  F.Scott Fitzgerald
Traduction Jacques Tournier - Livre de Poche




Crédit photos // SLAVIA VINTAGE