Eileen Gray : l'anticonformiste

lundi 18 février 2013

Eileen Gray : l'anticonformiste

La beauté de ses panneaux laqués, la modernité de ses tables en verre et acier, les motifs graphiques de ses tapis... cette semaine le Centre pompidou inaugure la première rétrospective en France de l'oeuvre avant-gardiste d'Eileen Gray : mon billet est déjà réservé!

Bohême et indépendante, cette designer et architecte irlandaise (écossaise d'origine) quitte en 1907 le milieu aisé auquel elle appartient pour s'installer à Paris, se consacrer à la création et faire sa place dans un univers d'hommes. L'usage des surfaces laquées devient sa première source d'inspiration et pour maîtriser la technique, elle se forme auprès de Sougarawa, un grand artisan japonais. A partir de 1913, ses paravents de style art déco et de motifs symbolistes, d'inspiration asiatique, séduisent le couturier Jacques Doucet, Charles et Marie Laure de Noailles, Isadora Duncan...

Mais sensible aux idées d'avant-garde, elle tend progressivement vers une esthétique plus épurée, influencée par le mouvement fonctionnaliste: elle crée ses caractéristiques paravents modulables, permettant de séparer les espaces, et conçoit toute une série de meubles en acier tubulaire ("Daybed", "table E1027", "Bonaparte chair") épurés et radicaux. Elle obtient ainsi la reconnaissance d'initiés tels que Mallet-Stevens, Le Corbusier, Jean Prouvé (et du Vogue anglais dés 1917, on a l'oeil ou on ne l'a pas). Réservée, autonome, elle restera jusqu'aux années 70, dans l'ombre de ses pairs masculins et peu connue du grand public, de son vivant.

J'ai eu l'occasion d'apercevoir (et d'admirer!) lors de ma visite du cabanon du Corbusier, la villa fonctionnaliste qu'elle construisit en 1924 près de Roquebrune, la villa E-1027 (en cours de restauration). En attendant, une prochaine escapade au printemps, Slavia vintage suit ses pas à Dublin pour découvrir la collection permanente qui lui est consacrée...